Julien Benhamou "l'interview"
1/ Pouvez-vous vous présenter en quelques mots ?
Je suis photographe, spécialisé dans la danse. À l'origine, je travaillais principalement dans le domaine du portrait. Cependant, au fil de ma carrière, j'ai progressivement orienté mon travail vers la danse. J'ai maintenant 45 ans et je pratique ce métier depuis environ 15 à 18 ans.
Mes débuts se sont faits en tant qu'assistant, mais j'ai ensuite décidé de me lancer en tant que photographe indépendant. Aujourd'hui, je collabore avec plusieurs institutions et compagnies dans le domaine de la danse.
2/ Depuis combien de temps êtes-vous ambassadeur de la marque Nikon ? Et qu’est-ce que cela a changé pour vous ?
Je suis ambassadeur Nikon depuis 4 ans. Cette collaboration a modifié ma façon de travailler en m'offrant un accès privilégié à une gamme variée d'objectifs Nikon. Cela m'a permis d'explorer davantage en utilisant différents objectifs en fonction de mes besoins, passant parfois du zoom à l'optique fixe.
J'ai particulièrement apprécié l'utilisation des grandes ouvertures, qui me permettent de capturer la lumière naturelle, une pratique différente de mon utilisation habituelle du flash.
3/ Quel matériel utilisez-vous ?
Je suis principalement équipé d'un Nikon Z 9 pour mes prises de vue. En ce qui concerne les objectifs, je dispose d'un 14-30 mm f/4, d'un 28-70 mm, d'un 70-200 mm f/2.8, ainsi que d'un 85 mm à focale fixe avec une ouverture de 1.2, que j'apprécie particulièrement pour son rendu. J'accompagne également mon matériel de flashs, de boîtes à lumière et d'autres accessoires pour garantir des conditions optimales lors de mes séances photo.
4/ Comment êtes-vous venu à la photographie de danse ?
La photographie de danse est la convergence de mes passions pour la danse et le portrait. Dès le départ, j'étais fasciné par la beauté des danseurs et danseuses, en particulier dans le cadre de la danse classique. Cela m'a naturellement conduit à me spécialiser dans ce domaine, bien que j'apprécie désormais toutes les formes de danse.
5/ Vous avez un vrai regard sur la mise en beauté du corps. Est-ce que cela vous vient naturellement ou est-ce une recherche préalable ?
Mon attention portée à la mise en valeur du corps découle de mes intérêts artistiques préexistants. Étant jeune, j'étais particulièrement sensible à la sculpture et à la peinture, ce qui m'a conduit à étudier la lumière à travers des artistes tels que Caravage et Rembrandt.
Ma recherche artistique se concentre sur la représentation des muscles en tension et du mouvement dans le geste, une passion qui guide ma démarche photographique.
6/ Pouvez-vous nous décrire votre processus de création ?
Je suis souvent inspiré par des idées créatives et je convie des modèles à collaborer avec moi pour donner vie à ces inspirations lors de séances photo de deux ou trois heures. Parfois, j'ai également envie de m'aventurer à l'extérieur, de partir en voyage vers le sud, par exemple, et d'inviter des amis proches à se joindre à moi ou de les rejoindre depuis Paris pour organiser des séances de prise de vue sur la plage.
Tout dépend vraiment du processus de création. Au début, l'inspiration peut surgir spontanément, parfois en observant des spectacles de danse, entre autres sources d'inspiration. Ensuite, je m'engage dans des recherches hypsographiques et je m'efforce de créer un moodboard.
Ensuite, sur le plateau, nous travaillons sur les poses, la lumière, le stylisme et le décor, tout en laissant également place à la spontanéité et à la créativité du moment.
7/ Si vous deviez choisir parmi ces mots (lumière, mouvement, lieu), celui qui vous paraît le plus important dans votre art, lequel choisiriez-vous ?
Sans hésitation, je choisirais le mot "mouvement". Il est au cœur de mon travail, guidant mes compositions et capturant l'essence même de la danse. C’est une bonne question que l’on ne m’a jamais posée.
8/ Avez-vous beaucoup de commandes d'artistes ou de marques ?
En tant que photographe à plein temps, je suis régulièrement sollicité par une variété de clients, notamment des institutions, des compagnies, des artistes, des musiciens et des entreprises de mode. Mon éclectisme professionnel me permet de travailler sur une large gamme de projets créatifs.
9/ Pouvez-vous partager une anecdote ou une expérience mémorable liée à l'une de vos séances photographiques ?
Je me rappelle d'une anecdote marquante : j'ai eu l'opportunité de photographier Marie-Agnès Gillot pour la couverture du Libé-culture. C'était un moment mémorable pour moi, car c'est une artiste que j'admire énormément. Lors de notre rencontre sur le plateau, ce qui était prévu comme un quart d'heure de séance photo s'est finalement transformé en trois quarts d'heure. Il y avait une véritable alchimie entre ce qu'elle proposait et l'ambiance de la pièce.
La séance était intense, et je me souviens que je n'ai pas arrêté de prendre des photos pendant ces 45 minutes. Ces clichés sont parmi mes préférés, ils dégagent une émotion particulière.
Une autre anecdote qui me vient à l'esprit, c'est lorsque j'ai emmené François Alu et Léonore Baulac, danseurs étoiles, sur les plages de Carteret. La lumière était tout simplement extraordinaire ce jour-là. Nous avons capturé une photo que j'ai intitulée "l'envol", et cela remonte aux débuts de ma carrière, il y a environ 10 à 15 ans. Cette photo a véritablement lancé les choses pour moi, car elle m'a fait réaliser l'importance des moments spontanés.
Elle est à la fois spectaculaire et intense, et elle a contribué à démystifier le processus de préparation auquel je me soumettais avant les séances photo.
10/ De nos jours, peut-on vivre correctement de la photographie ?
Avec une approche artistique distinctive, il est tout à fait possible de vivre de la photographie. La clé réside dans la capacité à offrir une signature esthétique reconnaissable, qui attire les clients et les projets qui correspondent à cette vision.
11/ Comment voyez-vous l'avenir de la photographie ?
Je suis optimiste quant à l'avenir de la photographie, malgré les avancées de l'intelligence artificielle et l'évolution de l'accessibilité à la photographie. La photographie reste avant tout un art qui nécessite un savoir-faire et une sensibilité uniques. Je crois en la capacité des photographes à s'adapter et à se diversifier pour prospérer dans un paysage en constante évolution.
12/ Avez-vous de nouveaux projets dans les cartons ? Que pouvez-vous nous dévoiler ?
Actuellement, je travaille sur deux projets majeurs à l'Opéra, notamment la production de Giselle, ainsi qu'une production mettant en avant des chorégraphes danseurs qui se déroulera à Bastille, tandis que Giselle sera présentée à Garnier.
Mon travail comprend la capture photographique des répétitions, la création d'affiches, de programmes et la conception de la communication visuelle pour ces projets.
En parallèle, j'ai également un projet d'envergure avec Playboy, pour lequel j'ai été sollicité pour réaliser des vidéos promotionnelles. J'ai eu une liberté totale dans ce projet et j'ai ainsi eu l'opportunité d'interviewer de nombreux artistes performeurs qui entretiennent un lien particulier avec leur corps et qui évoluent sur scène.
Récemment, j'ai également travaillé sur la campagne publicitaire du Puy du Fou, et je suis impliqué dans de nombreux autres projets. En somme, il y a beaucoup d'activité en ce moment.
13/ À quoi ressemble votre photo parfaite ?
La perfection en photographie est subjective, et je trouve souvent la beauté dans l'imperfection. Pour moi, une photo parfaite capture l'instant juste, une fugacité qui révèle toute son intensité et son émotion.
Pour découvrir son travail, vous pouvez visiter son site web :