Benjamin Pham "l'interview"

1. Peux-tu te présenter en quelques mots ?

Bonjour, je m’appelle Benjamin Pham, actuellement je travaille en tant que créateur de contenu (photo/vidéo/sonore) au sein d’une agence de communication mais je suis également photographe/vidéaste freelance. J’ai une grande passion pour la musique, la composition principalement, je le précise car c’est important pour moi dans ma façon de photographier.

2. Avec quel matériel travailles-tu, et quelle est ta focale préférée ?

Au perso je travaille avec un Sony A7IV (je dispose aussi d’A7III) avec pas mal d’objectifs de chez Tamron : le 35-150mm F/2-2.8, le 28-75mm F/2.8, le 20-40mm F/2.8 et récemment le 50-300mm F/4.5-6.3. Je me suis pris d’affection pour cette marque car ils proposent des optiques originales et de qualité, leurs objectifs m’accompagnent depuis mon début sur full frame alors j’ai toujours eu ce petit coup de coeur pour eux. J’ai aussi un Sony Zeiss 55mm F/1.8 que j’affectionne bien pour son piqué. Dans mon agence on travaille avec du Canon et principalement le R6 II.

Ma focale préférée varie ! Alors je dirais qu’actuellement j’adore le petit zoom 20-40mm F/2.8 de chez Tamron car il permet d’avoir vulgairement 2 objectifs fixes en 1 (un grand angle et une sorte de 50mm), tout en gardant ce côté limité (important pour la créativité) propre aux focales fixes.

3. Qu’est-ce qui te plaît particulièrement dans la photographie sportive ?

Le sport est un immense terrain de jeu pour un chasseur de moments, il y a les moments sportifs mais aussi tout ce qu’il y a autour. Tout devient vecteur d’émotion : un but, une passe raté, une réaction du public… Et puis l’action est au coeur du sport donc on a toujours des poses qui sortent de l’ordinaire.

4. Quel événement sportif t’a le plus marqué ?

Dans l’aspect strictement photographique, quand j’ai photographié pour la première fois du MMA au LSFC 1 organisé par le média La Sueur, il y avait une ambiance particulière, j’avais le droit d’être collé au bord de la cage, c’était vraiment impressionnant d’entendre les impacts et de voir les regards des combattant(e)s d’aussi près. Au niveau de l’émotion c’était limite facile de capturer de belles images car tout était propice à cela malgré le fait que techniquement ce soit très compliqué (basse luminosité et surtout le grillage de la cage qui est un véritable enfer pour l’autofocus!).

Sur le plan émotionnel, shooter mon premier match au Parc des Princes le jour de l’anniversaire du Virage Auteuil (30 ans) est l’événement qui m’a procuré le plus d’émotion d’un point de vue personnel du fait que je sois supporter du PSG depuis tout petit et que j’ai également été abonné dans cette tribune chère à mon cœur.

5. Être photographe de sport implique souvent de gérer la pression des commandes clients, non ? Comment fais-tu pour y faire face ?

De manière générale dans la photo j’ai cette chance de ne pas trop ressentir de pression particulière (uniquement pour la photographie), pour moi les seuls moments de pression très fort en photo ce sont les mariages (pour tout ce que cela implique). La vraie pression est plus matérielle, la peur d’une panne ou d’un problème de carte SD qui ne dépendent pas de moi.

Pour le reste, c’est bête mais je me dis toujours que généralement « ça se passe bien », je me le répète avant chaque shooting. Et en plus avec nos appareils on peut mitrailler, il y a de grandes plages dynamiques, la marge d’erreur est beaucoup plus petite que pour les photographes d’avant.

6. Faut-il un vaste réseau pour se lancer dans la photographie de sport ?

Non il faut simplement être passionné, être actif et y aller étape par étape. Si tu es fan de basket, commence à shooter ton club, augmente petit à petit. Si ton travail suit en terme de qualité, ça peut aller vite. Initialement je dirais qu’il faut quand même faire beaucoup de photos avant de bien développer son style et être sûr de soi, mais finalement tout dépend de la personnalité. La photo cela reste très personnel, il n’y a pas de chemin prédéfini, il y a ton chemin.

7. Tu travailles beaucoup sur l’émotion ; d’où vient cette sensibilité ?

C’est vrai que c’est ce qui me guide et ce que j’essaye toujours de transmettre. Je pense que cela provient de ma passion pour la musique où finalement chaque note est importante et si on commence à dévaloriser l’impact que l’on met dans une note, alors la musique devient tout de suite plus terne et impersonnelle. J’aime l’idée de faire ce qu’il me plaît en photo, et si ça plaît aux autres tant mieux, sinon ce n’est pas grave. Je pense que c’est le meilleur moyen d’avoir une émotion sincère qui émane d’une photo.

8. Pour toi, qu’est-ce qu’une photo réussie ?

Selon moi une photo réussie est simplement une photo qui transmet une émotion, que ce soit un rire, un sourire, une réflexion… le plus important est toujours le lien qui se crée entre la photo et le « lecteur », et ce, qu’importe les réglages purement techniques.

Mes photos préférées sont souvent des photos que je pourrais critiquer d’un point de vue technique (du bruit, pas forcément nette) donc je ne me limite pas à cet aspect là (même si je ne le néglige jamais), non ce qui m’importe c’est ce petit truc qu’on peut ressentir en voyant une photo.

9. Quel sport préfères-tu photographier ?

Le foot pour les supporters. Il se passe toujours quelque chose en tribune, des gens se rassemblent autour d’une même équipe, peu importe les salaires et autres classes sociales. Il y a quelque chose dans chaque visage, chaque regards : de l’espoir, de la joie, de la tristesse ou de la haine.

10. As-tu suivi des cours ou es-tu entièrement autodidacte ?

Totalement autodidacte (comme beaucoup je pense), c’est quelque chose qui marche bien pour moi. Pareil pour la musique ou la vidéo, j’ai toujours tout appris tout seul, il y a des tonnes de ressources exceptionnelles sur internet (youtube, des articles, les forums..etc) du coup je pense que quand on est totalement passionné c’est facile d’investir du temps dedans.

11. Est-il possible de ressentir l’émotion d’un instant à travers l’objectif ?

Oui bien sûr mais je définirais plus l’émotion d‘un instant comme une sensation physique : on entend des choses, on ressent une ambiance, on voit des couleur que l’objectif ne voit pas (via les appareils hybrides). L’objectif n’est qu’un instrument de tout cela mais la vraie émotion est sur le terrain, en direct.

12. Tu fais également beaucoup de photographie de voyage ; la curiosité est-elle un bon moteur pour toi ?

Forcément, je pense d’une manière générale qu’un photographe est quelqu’un de curieux. Quand on pense photo, le moindre petit truc nous intéresse. J’ai passé des heures dans des rues banales, appareil à la main, à laisser venir vers moi des moments à photographier, alors quand on voyage on est vraiment gâté de ce coté là : c’est comme si on avait un buffet à volonté ! C’est un peu le plaisir ultime d’être dans un endroit totalement différent, tout nous inspire : le bruit, les couleurs, l’odeur, l’ambiance.

13. Aurais-tu un conseil à donner aux photographes qui souhaitent se lancer dans la photo de sport ?

Je répète souvent la même chose quand on me le demande : faîtes des photos pour vous et ne cherchez pas à plaire. Je trouve que cela se ressent dans les photos, du moins c’est comme ça que je vois les choses. Ensuite, ne pas suivre toutes sortes de règles imposées (exemple : il faut absolument un zoom pour shooter du foot...etc), la photographie est un art simple qui permet justement de dépasser des limites facilement alors ne surtout pas se retenir.

Et enfin le dernier point très important, ne pas penser constamment matériel. On débute rarement avec du matériel haut de gamme, c’est très important et formateur de savoir tirer le meilleur de ce qu’on a sous la main, je le répète mais les limites permettent de développer notre créativité, c’est même essentiel.

Si je te dis verbalement de : « dessiner quelque chose », et si je te dis dans un deuxième temps : « dessine un tableau qui évoque la tristesse mais aussi l’espoir, en utilisant seulement du bleu foncé, du bleu clair, du blanc et du noir pour les contours, tu as la soirée pour le faire ». Et bien je pense que la deuxième option sera plus simple pour permettre de se dépasser. C’est un peu pareil avec les objectifs, tu n’as qu’un reflex aps-c et un petit 50mm 1.8 ? Mais c’est déjà énorme ! Il y a de quoi faire, il ne faut surtout pas tomber dans le piège du gear addict.

14. Quels sont tes prochains projets ?

Je vais réaliser un podcast narratif (musiques originales et textures sonores) sur la ville d’Hanoï (Vietnam) pour Banh Mi Media, en collaboration comme toujours avec Linda Nguon – fondatrice de Banh Mi Média - qui prête sa voix et sa plume avec talent au projet « Banh Mi Sounds » qu’elle chapeaute (des podcasts narratifs sur les villes d’Asie). Ce podcast sera accompagné d’une série de photos que j’ai prises sur place lors de mon récent séjour là-bas.

Pour découvrir mes autres podcasts narratifs (et photos accompagnant les sorties) : https://banh-mi.co/blog/media/banh-mi-sounds/



Pour découvrir son travail :     benji_pham            Site officiel